Les saphirs
Les saphirs, les saphirs de couleurs et les rubis font partis de la même famille : les corindons.
Les corindons sont composés d’oxyde d’aluminium et sont à ce stade incolores. Ils ont besoin d’éléments chromogènes pour se colorer :
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Chrome = rubis
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Fer + Titane = saphirs
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Fer = saphirs jaunes et vert
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Fer + Vanadium = saphirs violets
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Fer + Chrome = saphirs roses
Ces éléments s’incorporent dans la structure cristallographique lors de leur formation.
Dans un saphir, plus il y aura de Fer, plus la pierre sera sombre.
Les corindons ont des appellations bien précises :
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Corindons rouges : rubis
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Corindons bleus : saphirs
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Corindons de couleurs (hors rouge) : saphirs suivi du nom de la couleur
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Corindons rose/orange : « Padparacha »
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Corindons incolores : leucosaphir

Une autre variété de saphir est le saphir étoilé. L'astérisme est causé par la réflexion de la lumière sur des inclusions aciculaires parallèles. Les étoiles à six branches sont la norme pour les saphirs, mais il peut parfois y avoir des étoiles à douze branches.
Les gisements

On trouve des saphirs dans de nombreux pays. Une grande partie des saphirs que l’on trouve sur le marché sont issus de Thaïlande, du Sri lanka et d’Australie. On en trouve également en Afrique et quelques morceaux au Brésil et en Inde.
Cachemire
Les plus beaux viennent du Cachemire, dans les hauteurs de l’Himalaya avec des teintes bleu velouté. Ils contiennent du Fer et beaucoup de Titane.
100 grammes de saphirs sont extraits par jour de cette mine.
Il existe des mines situées dans des lieux inabordables, là où les neiges sont éternelles. Le froid et l’altitude les gardent précieusement.
Sri Lanka
Le Sri Lanka est le pays qui a la plus forte densité de pierres au monde.
Ce pays fournit de très beaux saphirs bleu/bleuet/myosotis avec une petite pointe de mauve. le Sri Lanka est également le seul pays où sont extraits les saphirs dits « Padparacha ». Il s’agit de saphirs orange avec une pointe de rose, ou inversement rose avec une pointe d’orange. Cette tonalité très particulière est extrêmement rare.
Les principaux gisements de saphirs se situent dans la région de Ratnapura dans le sud-ouest de l’île. Il s’agit généralement de gisements alluvionnaires facilement accessibles.
Thaïlande
La Thaïlande est plus connue pour être le principal centre mondial de négoce de pierres de couleur, que pour la qualité des gemmes qu’elle produit. Elle est pourtant un important exportateur de saphirs de toutes les couleurs. A la fin des années 1990, la Thaïlande représentait près du tiers de la production mondiale de saphir.
Ceux-ci proviennent de deux régions diamétralement opposées. La première est la région de Chantaburi, au sud-est de Bangkok. La seconde est située au nord-ouest du pays, aux environs de Kanchanaburi non loin de la frontière cambodgienne.
Les saphirs de Thaïlande, très riches en Fer sont d’un bleu trop sombre qui doit être et manquent d’éclat. Ces saphirs sont souvent vendus sous l’appellation « Siam ».
Ils sont donc reconnaissables à leur couleur bleue plutôt sombre.
Birmanie
Les saphirs birmans sont devenus des gemmes d’exception d’un bleu intense, bleu nuit. Les gisements se situent au nord de la Birmanie dans la région de Mogok, mondialement connue ses rubis.
Avec l’épuisement des mines de saphir du Cachemire, les saphirs de Birmanie ont fait l’objet d’une grande demande entraînant leur raréfaction et la hausse du prix du saphir de Birmanie.
Madagascar
La découverte d’importants gisements de saphir à Madagascar est très récente. On la doit à une période de grande sécheresse qui a permis de mettre à jour des gisements dans la partie sud de l’île en 1991. Les gisements les plus importants se situent dans la région d’Ilakaka dans le sud-ouest de l’île.
Les saphirs bleus de Madagascar sont d’une qualité similaire à ceux de Ceylan. Il est d'ailleurs très difficile de distinguer les deux origines, même à l'aide d'une loupe. C'est pourquoi le prix du saphir de Madagascar est similaire à celui de Ceylan.
Les saphirs roses y sont eux-aussi de toute beauté, et Madagascar est aujourd’hui le principal producteur mondial de saphirs roses.
Mozambique
Bien qu’il soit plus connu pour les superbes rubis que l’on y trouve, le Mozambique produit également de magnifiques saphirs roses, de belle pureté, dont certains spécimens sont d’une couleur très saturée, teintée d’un légère pointe de rouge, typique de cette origine. Mais la production de saphir rose reste moins importante que cela n’est le cas à Madagascar par exemple.
Australie
Bien que l’Australie soit connue pour la qualité exceptionnelle de ses opales, ou les diamants roses produits dans la mine Argyle, ce pays produit également une grande quantité de saphir.
Il existe deux zones principales d’extraction. La première se trouve dans la région d’Anakie, au nord-ouest de Brisbane dans le Queensland. La seconde est quant à elle située autour de Inverell, une petite ville au nord de Sydney.
La production est constituée dans sa grande majorité de saphirs destinés au marché de la bijouterie bas de gamme.
Les saphirs australiens sont d’un bleu « encre » terne, tirant sur le noir, et sont le plus souvent remplis d’inclusions, au point de les rendre opaques.
On trouve en revanche des saphirs verts de belle qualité.
Viêtnam
Bien que le Viêtnam soit plus connu pour sa production de rubis ou de spinelle dans la région de Luc Yen, le pays produit également des saphirs orange de belle qualité dont la couleur rappelle celle de la papaye.
C’est à la fin des années 80 que furent découverts ces saphirs dans la province de Quy Chau à 200 km au sud-ouest de Hanoï. Ces gisements calcaires produisent également des saphirs d’un bleu généralement trop sombre bien que de belle pureté, similaires à leurs cousins de Thaïlande.
LA COULEUR
Les bonnes couleurs du saphir sont : bleu bleuet (saphir du Cachemire), bleu roi mâtiné de violet (saphir du Sri Lanka), bleu nuit aux accents veloutés (pierres de la République de Myanmar, Birmanie). Evitez les bleus gris (Sri Lanka, Thailande) ou les bleus verts (Australie).
Exit les pierres présentant des fenêtres, des zones non colorées, exit également les saphirs zonés présentant des stries très marquées comme les sillons d'un vieux vinyle.
Un saphir doit réagir à la lumière du jour en la faisant miroiter.
Les pierres inertes à la lumière que nous qualifions de « louches » ou d’ « endormies » sont à proscrire. La vivacité des saphirs Birman s'apparente au jeu de la lumière dans une encre bleue, celle des saphirs de Ceylan est souvent plus cristalline.
LES INCLUSIONS
La pureté est bien sûr un élément déterminant dans le prix d’un saphir. Il est naturel de trouver des inclusions dans un saphir, même dans une pierre d’excellente qualité. Elles permettent de confirmer le caractère naturel et l’origine d’une pierre.
Mais c’est le nombre et l’emplacement de ces inclusions qui vont influer sur son prix. Il faut avant tout que ces inclusions ne soient pas visibles, ou à peine visibles, à l’œil nu. Une inclusion brune ou noire clairement visible fait nettement chuter le prix d’une pierre. Notons que l’impact sur le prix est beaucoup plus important si cette inclusion est visible par le dessus du saphir.
Les voiles blancs ou petites aiguilles sont quant à elles très courantes, et n’affectent réellement le prix que lorsqu’elles sont trop présentes et nuisent à leur éclat. Il existe bien sûr des saphirs purs ou quasiment purs ; leur prix est de fait plus élevé.
Les inclusions du saphir si elles sont discrètes, (cristal englobé, givres, aiguilles de rutiles), n’ont pas d’incidence sur sa valeur.
Certaines inclusions peuvent lui donner de la valeur en permettant d'attester la provenance de la pierre. Une aile de papillon dans un saphir de Ceylan par exemple.
Les inclusions "dérangeantes", car en pleine table ou de taille importante impactent le prix d'un saphir à la baisse.
Un saphir peut présenter un "trou" naturel correspondant à un cristal englobé que le lapidaire a enlevé au moment de la taille. Rien de grave. Généralement ces cavités sont plaçées sur le feuilletis, la partie médiane du saphir.
Egrisure : une égrisure est un éclat qui n'est pas naturel. Un saphir égrisé peut perdre une grande partie de sa valeur.
LES TRAITEMENTS
A qualité équivalente, les saphirs non-chauffés sont beaucoup plus rares. Ils se négocient donc à des prix plus élevés. Mais dépendant de la qualité de chaque saphir, la chauffe n’a pas le même impact sur son prix.
Lorsque les pierres sont de qualité basse ou moyenne, qu’elles soient chauffées ou non ne fait que peu varier le prix. En revanche les pierres de belle qualité (très pures et d’un bleu intense) coûtent généralement deux fois plus cher que leur équivalent chauffé. Dans les qualités les plus hautes, cette différence peut aller du simple au triple, et même plus dans les poids les importants.
Il convient de différencier le traitement thermique traditionnel qui existe depuis l’Antiquité de celui pratiqué dans des fours haute température. Le traitement traditionnel se caractérise par ses méthodes artisanales, creuset en terre, apport d'oxygène par la bouche. Il consiste essentiellement à diffuser les aiguilles de rutile présentes dans la pierre en la chauffant. La qualité du saphir ainsi soumis à une faible température n’en sera que légèrement améliorée. A l’inverse, le traitement thermique à haute température consiste à transformer des saphirs naturellement incolores en saphirs bleus. A noter que dans ce cas des adjuvants peuvent être ajoutés pour enrober la pierre pendant le cycle de chauffe afin de la colorer en surface (diffusion)
Le traitement par diffusion : La pierre est colorée en surface et ensuite repolie. On peut déceler ce traitement en observant le saphir en immersion.
Le Glass field : On colore artificiellemnt les saphirs en introduisant une pâte colorée dans ses cavités naturelles ce qui permet de mettre sur le marché des pierres rebuts car très fracturées.

A gauche, un lot de saphirs bruts chauffés. A droite, un lot de pierres non-chauffées
IMITATIONS ET SYNTHESES
Substituts
Plusieurs minéraux peuvent être confondus avec le saphir :
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La tanzanite
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La bénitoïte
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La cordiérite ou iolite appelé « saphir d’eau » appelation interdite
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La cyanite
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La spinelle bleue
Dans tous les cas, des mesures de la dureté, du poids spécifique et de la biréfringence permettent de lever toute ambiguïté.
Le verre est également un substitut. Il est courant de le voir sur des montures ancienne.
Facilement reconnaissable à la loupe.
Pierres de synthèse
En gemmologie, une gemme est dite artificielle lorsqu'elle est fabriquée par la main de l'homme, sans aucune contrepartie dans la nature. Elle est dite synthétique lorsqu'en comparaison de sa contrepartie naturelle, elle est de même composition chimique, de même structure atomique, de même micro-structure causant les mêmes effets optiques et de même apparence visuelle.
Savoir distinguer une gemme naturelle d'une imitation ou d'une synthèse quasi impossible à l’œil nu. Il faudra une loupe de gemmologue ou une binoculaire, une lampe UV ou un spectroscope. Mais en l'absence d'inclusions, seul un laboratoire gemmologique équipé d'instruments avancés sera capable de prouver l'origine naturelle ou non d'une gemme.
La différence de prix entre une gemme naturelle et une synthèse est énorme.
Le doublet
La pierre est composée, pour sa partie haute (couronne) d’une couche de saphir ou de grenat. La couleur est apportée en partie basse (culasse) par une silice colorée. Le «collage» des deux matières est effacé par la taille qui place le point de jonction sur la partie médiane de la pierre (feuilletis). Une telle composition est impossible à déceler pour un œil non-expert.
Ces pratiques sont pour la plupart illégales, si elles ne sont pas mentionnées lors de l’achat. Elles n'existent pas dans les maisons françaises de tradition mais peuvent être décelées sur des saphirs achetés à l’étranger et sans garantie.
Les doublets imitant le saphir sont plus rares que ceux qui copient le rubis, car la pierre est plus courante. Il existe des saphirs synthétiques depuis 1910, grâce au procédé Verneuil, des saphirs étoilés synthétiques de qualité joaillerie sont produits depuis la fin des années 1940.